lundi 14 octobre 2013

Tuer Powerpoint : chiche ?

L'équipe Bunkr

Edouard Petit est un jeune entrepreneur de 23 ans, dont le but est "simple" : tuer PowerPoint.
Avec ses deux acolytes - Alexis et Jean-Christophe - ils ont créé Bunkr en septembre 2012, une web application de présentation qui permet la collecte de données et l'automatisation de la création de slides. C'est un outil interactif et collaboratif. 
C'est pendant des stages en agence de pub, où la présentation PowerPoint est légion, que ses premières frustrations naissent : trop archaïque au regard des nouvelles technologies, il a le sentiment que l'outil ne lui permet pas de se renouveler et d'être créatif. 
C'est le début de l'aventure Bunkr.


Emilie : En quelques mots, quel est ton parcours ?
Edouard : Après un BAC S, j'ai d'abord fait un DUT "Services réseaux et communication" qui fut une excellente boîte à outils pour toucher à tout. C'est là que j'ai rencontré Alexis et qu'on a commencé à développer ensemble des projets de prestation de services sous forme de Junior Entreprise. On créait des sites web, des animations flash, des vidéos, et d'autres types de services qui étaient liés à notre formation, souvent pour des gens de notre entourage au début. Ensuite, j'ai fait une licence en marketing au Pôle Paris alternance, un Master 1 "conseil en communication" au Cefire (groupe INSEEC) et un Master 2 "Marque et management de l'innovation" à l'ISCOM. Côté stages, je voulais intégrer de bonnes entreprises. J'ai fait des alternances chez TBWA, Publicis Conseils et QUIP (petite agence visionnaire qui a misée sur l'animation de communautés online avant tout le monde). J'ai été community manager, planneur stratégique et au New Business.



Emilie : Atypique comme parcours ! Etudiants et entrepreneurs, vous aviez ça dans le sang finalement…
Edouard : Oui et non. 
On a très vite été conscient qu'une fois sur le marché du travail, il allait falloir se différencier des autres. On a tous plus ou moins les mêmes diplômes, il fallait qu'on propose notre portfolio, notre valeur ajoutée. Et puis on a tellement appris ! Beaucoup plus que sur les bancs de l'école !

Emilie : Justement, que penses-tu du système éducatif français ?
Edouard : A mon sens, jusqu'en Terminale nous ne sommes pas assez connectés à la vie professionnelle. Du coup, la question de ce qu'on veut faire se pose trop tardivement. C'est d'ailleurs souvent lors des premiers jobs étudiants qu'on prend conscience de ce qu'on ne veut pas faire. L'autre problème, c'est la fausse promesse du diplôme. Dans toutes les brochures on vous dit que vous allez gagner 50K€ et travailler pour les plus grosses entreprises, ce qui est faux et à tendance à nous rendre trop attentiste, pas assez dans l'action.
Et puis les métiers manuels sont trop souvent dévalorisés, alors que je pense qu'il faut davantage s'intéresser au sens et à l'utilité du métier. Construire des maisons a du sens pour certains, et c'est comme cela qu'on s'épanouit au quotidien. Malheureusement, on ne récompense pas un employé de mairie qui entretient les espaces verts, alors qu'on récompense des gens qui font des choses qui n'ont aucun sens.

Emilie : Tu parles de sens du travail, c'est le plus important pour toi ?
Edouard : Oui. C'est me lever le matin et savoir pourquoi je suis là, que ce soit en termes de valeurs, de mission, ou d'objectifs fixés. Ce qui est important, c'est de trouver un équilibre en fonction de ses aspirations.

Emilie : Quel est le plus difficile avec Bunkr ?
Edouard : C'est une course perpétuelle pour gagner du temps. Il faut être irréprochable sur le produit et la promesse qu’on fait à l’utilisateur ! Si on reste concentré sur ces points, le coût d'acquisition d'un utilisateur peut tendre vers zéro et la croissance peut être rapide grâce au bouche-à-oreille. Si notre produit est bien, l’utilisateur est là et en parle autour de lui. Mais si notre produit ne satisfait plus, il part. 
Pour le moment, c’est compliqué de partir en vacances, même une semaine, car elle peut être décisive dans la vie de Bunkr. C'est un réel investissement. 
Etre à Rouen complique les Relations Presse aussi. Il faut travailler deux fois plus pour susciter l'intérêt des journalistes. 
L'environnement extérieur aussi. On a besoin que les gens autour de nous croient en ce qu'on fait, et ceux qui font des choix plus standards ne comprennent pas... Bien que maintenant que ça marche, ils se disent que ça valait la peine ! Mais le CDI à la fin des études reste une consécration pour la majorité. Ils ne comprennent pas tous la prise de risque. 

Emilie : Tu parles de notre génération  ?
Edouard : C'est plus une manière de penser qu'une question de génération. Je viens d'une famille de commerçants et d’entrepreneurs, ils comprennent très bien mon choix. Aujourd'hui, la question qu'on se pose c'est : "est-ce qu'on va trouver un travail ?" La génération de nos grands-parents c'était : "comment améliorer nos conditions de travail ?"

Emilie : Je reviens à Bunkr. Quels sont les facteurs clefs de succès selon toi ?
Edouard : L'équipe clairement. D'abord Alexis et moi puis très vite Jean-Christophe nous a rejoint et sans lui, le projet n'existerait pas.
Etre plusieurs, c'est ce qui fait qu'on va au bout. Quand on partage la même vision, on avance. On est soudé, on se booste mutuellement. Et le fait de se concentrer sur le bon problème : optimiser la collecte d'infos, automatiser la création de slide, le stockage… Plutôt que de développer des gadgets qui complexifient le logiciel et ne répondent à aucune demande.

Emilie : Quelle projection faites-vous à moyen-terme ?
Edouard : On connait notre date de “mort”. Il faut donc passer les étapes et grandir rapidement. Il faut aller très vite sur ces marchés. On sait que là-bas, il y a un ravin, donc on avance au jour le jour. Si on commence à avoir des projets à moyen terme, on devient une SSII ou une web agency. En parallèle on cherche des investisseurs. 

Emilie : Pour finir Edouard, as-tu un coup de gueule et un coup de coeur à pousser ?
Edouard : Je déteste la plainte sans action. Et j'admire les gens qui cherchent à changer le monde, ceux qui cherchent à améliorer le quotidien. Je suis fasciné par les gens qui avancent : qu'ils échouent, qu'ils doutent, avec leurs forces et leurs faiblesses, ils avancent.

En bonus, Edouard a joué le jeu du questionnaire à la manière de Proust, mais adapté au travail... Et en vidéo !


Edouard, co-fondateur de Bunkr from Emilie Court on Vimeo.


Pour contacter Edouard (Twitter) : @EdouardPetit
Bunkr (Twitter) @WebAppBunkr (website) https://www.bunkr.me/  

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