Pour
bien commencer la semaine, je suis partie à la rencontre des
académiciens – que l’on appelle des « Yumpers » -,
et des équipes de la Yump académie.
Le
concept ?
Un dispositif d'accompagnement de porteurs de projets
entrepreneuriaux dans les quartiers populaires, en l’occurrence
pour cette première académie, dans le département de la Seine
Saint-Denis. L'objectif étant à la fois social et business : en
sélectionnant des projets d’entreprise à fort potentiel de
croissance, le but est de créer de la valeur et de l'emploi dans des
zones fortement touchées par le chômage (si beaucoup d'entreprises
y sont basées, elles sont toutes hors-sol, c'est-à-dire qu'elles
recrutent leurs collaborateurs en dehors du département).
Son
originalité ?
Une pédagogie participative basée sur des cours sous
forme de courtes vidéos au ton humoristique qui optimisent la
concentration des Yumpers. Des formations nomades chez les
entreprises partenaires qui jouent le jeu du réseautage et du
conseil personnalisé. Un système de scoring, pour valoriser la
qualité du travail et le sérieux de chaque Yumper avec de beaux
avantages à la clef, comme l'intégration d'un mentor au projet ou
encore un coaching VIP. Enfin, Yump France initiateur de l’académie,
participe au capital des meilleurs d'entre eux, et assure ainsi un
accompagnement sur 5 ans.
Venue
de Suède, l'académie Yump a lancé sa première promotion en
octobre dernier. Rencontre
avec Moussou
et Amine, deux des vingt lauréats.
Moussou a 26 ans, elle est titulaire d'un master entrepreneuriat. Parallèlement à ses études, elle découvre le marché des cosmétiques ethniques et les méfaits du défrisage pour la santé, encore trop méconnus en France. Son projet ? Créer des produits bio pour le soin du cheveu et les commercialiser sur un site marchand. En plus de la vente de produits, un réseau social favorisera les échanges entre les utilisatrices et leur prodiguera des conseils de professionnels.
Amine
a 25 ans et un master en web-marketing en poche. En CDI dès la fin
de ses études, il intègre une agence en tant que chef de projet web
où il travaillera 3 ans. Mais il avait déjà un projet en tête,
celui d'ouvrir un restaurant autour de la semoule : produit phare du
couscous - un des plats préférés des français - qu'il veut faire
connaître à travers d'autres recettes.
C'est
en découvrant la Yump Académie qu'il décide se lancer puisque
celle-ci pouvait lui offrir ce dont il avait besoin : un
accompagnement et un réseau.
Quel
a été l'élément moteur pour vous lancer dans l'aventure de
l'entrepreneuriat ?
Moussou
:
J'ai toujours eu envie d'entreprendre et mon idée germait depuis mon
DUT. Le choix de la major entrepreneuriat m'a permis de commencer à
travailler dessus dans le cadre de mes études. Le fait d'intégrer
Yump à été un accélérateur : l'accompagnement qu'ils proposent
est rassurant et limite les risques. J'aurai surement commencé par
un emploi salarié et continuer de travailler sur mon projet en
parallèle si je n'avais pas intégré l'académie.
Amine
: Ca
fait 2 ans que je travaille sur mon projet, et depuis septembre je
suis à plein temps dessus. J'ai quitté mon emploi dans le cadre
d'une rupture conventionnelle pour rejoindre la Yump. Mon objectif
est de lancer le concept en 2014. J'espère convaincre des
investisseurs et gagner des concours comme le grand prix des jeunes créateurs.
Avoir
intégré l'académie semble être un élément déterminant dans
votre projet ?
Moussou
& Amine :
On ne se serait pas lancé tout de suite sans Yump. C'est un cadre
stimulant et rassurant. Et ici, on n'est pas pris pour des fous ! On
échange, la dynamique et la mixité du groupe nous stimulent, on se
sent moins isolés et on avance plus vite. On nous fait travailler
sur des détails cruciaux pour avancer et on nous donne les outils
pour évoluer dans un environnement fortement concurrentiel. Les
formations nomades nous mettent en contact avec des entreprises et
développent notre réseau.
Amine
: Après,
6 mois, c'est court. Le projet doit déjà être bien pensé pour
pouvoir optimiser au maximum ce qu'on nous apporte et que
l'accompagnement soit vraiment pertinent. Ce qui est notre cas.
Au-delà
du projet que vous portez, qu'est-ce qui vous stimule au quotidien ?
Amine
:
La liberté, la possibilité d'exploiter ses compétences au maximum.
On n'est pas cantonné à des directives et on peut laisser notre
créativité s'épanouir. En entreprise, même dans le web où on est
supposé être créatif, on applique toujours des process qui, en
quelque sorte, nous brident. On reste des exécutants. Alors qu'en
tant qu'entrepreneur, le maitre mot c'est l'innovation. Et puis on
touche à tout : la finance, la communication, le marketing... En
tant que salarié, on est cantonné à un domaine.
Moussou
:
La liberté. La possibilité d'exploiter au maximum ses compétences.
Car même sur un poste à responsabilités on est limité à ce qu'on
nous demande et on entre dans une forme de routine. D'ailleurs je
pense que je m'épanouie davantage dans les petites structures, petit
projet, où on peut apporter sa touche personnelle et être créatif.
Si
je vous dis "valeur travail", ça vous inspire quoi ?
Moussou
:
C'est le socle ! Il faut être passionné et impliqué ! C'est pour
ça que ça a beaucoup plus de sens pour moi de développer mon
projet plutôt que d'être en entreprise.
Amine
: Travailler
n'est pas seulement exécuter, c'est réfléchir en permanence,
rencontrer de nouvelles personnes. Il y a un aspect péjoratif
derrière le mot "travail", mais quand on s'éclate, on n'a
plus l'impression de travailler. En tant qu'entrepreneur, il n'y a
pas de limite entre le travail et le reste, on est toujours dans
l'action ou la réflexion. Et je ne veux pas commencer ma vie à 60
ans :-)
Que
pensez-vous des discours sur l'entrepreneuriat en France ?
Moussou
: Dans
ma promo, notre major "entrepreneuriat" passait pour la
bande des illuminés et des marginaux, alors qu'on était en école
de commerce ! Beaucoup de gens n'osent pas : trop cher, trop risqué,
pas assez de confiance en soi, etc. Et le discours est assez
paradoxal : d'un côté on n'encourage pas l'entrepreneuriat et de
l'autre on nous dit que quand on réussit, c'est génial !
J'ai
même envisagé de partir à l'étranger pour développer mon projet
si ça avait été trop complexe ici.
Amine
:
On ne favorise pas l'entrepreneuriat en France. Beaucoup de gens
pensent que c'est difficile et préfèrent ne pas prendre de risque
et renoncent à leur projet. On nous met dans un moule : il faut
faire des études les plus longues possibles et trouver un travail.
Je pense qu'il y a des choses à revoir dans le système éducatif et
qu'il faudrait nous montrer davantage de success story dès le
collège. Parce qu'on nous demande ce qu'on veut faire comme métier,
mais pas ce qu'on veut créer.
Ou
vous voyez-vous dans 5 ou 10 ans ?
Moussou
:
Je me vois voyager dans le monde avec mon projet, animer des
conférences sur la cause que je défends. Et avoir des boutiques un
peu partout.
Amine
:
J'aimerais être la référence de la semoule, pourquoi pas à
l'international, et devenir mentor à mon tour pour renvoyer
l'ascenseur.
Moussou & Amine ont joué le jeu du questionnaire à la manière de Proust, mais adapté au travail... Et en vidéo !
Yump académie from Emilie Court on Vimeo.
Merci
à eux pour cet échange, on prendra des nouvelles de
leur projet respectif !
En
attendant, pour en savoir plus sur Yump et ses académiciens, c'est
par ici.
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